Tandis que Paul, dans sa 1ère Lettre aux chrétiens de Corinthe, s’exprime sur le mariage, il dit « J’estime que c’est meilleur ». Quelle place peut bien avoir une parole personnelle dans un livre qui est la Parole de Dieu ? (TR)

Réponse:

La personne qui pose cette question se réfère au verset 25 du chapitre 7 de la 1ère Lettre de Saint Paul aux Corinthiens (1 Corinthiens 7,25 ; cf. aussi 1 Corinthiens 7,6.35). Dans cette partie de la lettre, Paul ne traite pas du mariage et de la virginité en général, mais il répond – sans doute point par point – à des questions qui lui ont été posées. Dans les versets 25 et suivants, Paul donne une réponse destinée à des fiancés, qui se sont adressés avec leur question aux responsables de la communauté et qui, par eux, se trouvent devant lui : « Au sujet du célibat, je n'ai pas reçu d'ordre spécial du Seigneur, mais je donne mon avis, moi qui suis devenu digne de confiance grâce au pardon du Seigneur. » Cette réponse situe donc Paul par rapport aux déclarations qui ont été transmises par l’Église comme « ordre du Seigneur ». Ces ordres sont par exemple : le commandement de monogamie ou le commandement de célébrer le repas eucharistique en mémoire de lui.

La personne qui pose la question semble supposer que la foi chrétienne tient le texte de la Lettre du Saint Paul pour parole de Dieu, en ce sens que tout ce que Paul écrit dans cette lettre est paroles dictées directement par Dieu, indépendamment de la pensée et des jugements de l’Apôtre. Mais il s’agit là d’une compréhension de la révélation et de la Parole de Dieu qui est étrangère à la doctrine de l’Église.

La personne demanderesse peut lire à ce sujet la page Internet où se trouvent les passages principaux traitant de cette question : « La Sainte Ecriture et la Parole de Dieu », particulièrement III, 1-3. Lire aussi : Questions e Réponses n° 236. Voici ce qu’écrit à ce sujet le Catéchisme pour adultes, édité par la Conférence épiscopale allemande :

« La parole de Dieu ne tombe pas du ciel ; elle ne nous atteint qu’à travers des paroles humaines. Aussi, que Dieu soit l’origine de l’Ecriture Sainte n’exclut aucunement, et même inclut nécessairement que les différents livres de la Sainte Ecriture ont des être humains comme rédacteurs.

Ils ont exprimé la Parole de Dieu dans la langue de leur temps, en tenant compte des conditions de leur époque et de leur culture, en utilisant les genres littéraires en usage alors. Si l’on veut interpréter correctement la Sainte Ecriture, il faut être attentif à l’intention des rédacteurs bibliques et essayer ainsi de comprendre ce que Dieu a voulu nous annoncer à travers eux. Il faut donc « faire minutieusement attention soit aux manières natives de sentir, de parler ou de raconter courantes au temps de l’hagiographe, soit à celles qu’on utilisait à cette époque dans les rapports humains (La Constitution dogmatique sur la révélation divine « Dei Verbum » (DV) 12). Cette humanité et cette historicité de la Sainte Ecriture fait partie de « l’abaissement » de Dieu, qui a culminé dans l’incarnation de Jésus Christ. (cf. DV 14). Fait également partie de l’humanité et de l’historicité de la Sainte Ecriture le fait que les écrits particuliers du Nouveau Testament ont vu le jour dans l’Église primitive et pour elle, à savoir pour les premières communautés. Leur « Sitz im Leben » se situe dans l’annonce chrétienne des premiers temps, dans la liturgie, la catéchèse, l’apologétique ainsi que dans les problèmes concrets de la régulation des communautés.

C’est également l’Église primitive qui a rassemblé les différents écrits du Nouveau Testament et, avec l’Ancien Testament a établit le canon des Ecritures. Ainsi, l’Ecriture Sainte est un livre de l’Église. On ne peut la comprendre correctement que si on l’interprète à partir de la vie, de l’Esprit et de la foi de l’Église dans laquelle elle a vu le jour. » .“ (Erwachsenen-Katechismus, Band 1, p. 48)