Quelle est votre lecture de l’affirmation suivante dans la Lettre de l’Apôtre Paul aux Philippiens, chapitre 2, verset 6: «Lui qui est de condition divine, n’a pas revendiqué son droit d’être traité comme l’égal de Dieu.» liée à des textes comme l’évangile de Jean, chapitre 1,1-3: «Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. Tout fut par lui et sans lui rien ne fut.»?

Réponse:

Je vois dans ce passage de l’Epitre aux Philippiens une affirmation tout à fait essentielle sur la manière dont Dieu est Dieu : Dieu n’a pas besoin d’affirmer et d’établir sa divinité en confrontation à d’autres puissances. Il ne doit pas non plus exiger la reconnaissance et intervenir punitivement au cas où il n’est pas reconnu. Dieu est Dieu en ceci qu’il se révèle aux hommes comme Serviteur, comme Ami. Cela ne diminue pas sa divinité, quand il se révèle dans le monde comme le Serviteur, tel qu’il est décrit par le prophète Isaïe dans les chants du Serviteur de Dieu (p.ex. Isaïe 50,4-9).

Donc, c’est comprendre Dieu erronément, quand on se sert de concepts de puissance humaine. Il est plus juste de le comprendre comme don de soi, comme un dynamisme incessant se dépassant dans les autres. Les mystiques l’ont appelé Lumière débordante, amour embrassant tout. Voilà précisément la rationalité de Dieu – son logos (qui signifie « verbe »). Et voilà ce que veut dire le passage de l’évangile de Jean : dans la vie, l’action, la mort et la résurrection du Jésus de l’histoire, Dieu a montré qui il est réellement : l’amour qui embrasse tout. Mais il n’a pas décidé cela dans le moment historique de son incarnation, mais il était ainsi dès le début. Son logos, sa rationalité était dès le début d’être Amour. En lui, en tant que Logos, tout est créé.