Question 79:
Genèse 11,5 : « Alors le Seigneur descendit, pour voir la ville et la tour que les enfants des hommes étaient en train de construire ». Votre Seigneur est-il myope, pour ne pas être capable de voir depuis le ciel et devoir descendre ? » (TR)
Réponse aux deux questions : Jean 1,17-18 : « (17 ) après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
(18 ) Dieu, personne ne l'a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le connaître. »
Jean 6,46 : « Certes, personne n'a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. »
Jean 7,29 : « Moi, je le connais parce que je viens d'auprès de lui, et c'est lui qui m'a envoyé. »
1 Jean 4,2 : « Dieu, personne ne l'a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour atteint en nous sa perfection. »
Tous ces passages des écrits johanniques du Nouveau Testament se rapportent à Exode 33,20 : Moïse sur la montagne : Exode 33,18-23 :
« (18) Un jour, Moïse dit au Seigneur : « Je t'en prie, laisse-moi contempler ta gloire. » (19) Dieu répondit : « Je vais passer devant toi avec toute ma splendeur, et je prononcerai devant toi mon nom qui est : YAHVÉ, LE SEIGNEUR. Je fais grâce à qui je veux, je montre ma tendresse à qui je veux. » (20) Il dit encore : « Tu ne pourras pas voir mon visage, car on ne peut pas me voir sans mourir. » (21) Le Seigneur ajouta : « Voici une place près de moi, tu te tiendras sur le rocher ; (22) quand passera ma gloire, je te mettrai dans le creux du rocher et je t'abriterai de ma main jusqu'à ce que j'aie passé. (23) Puis je retirerai ma main, et tu me verras de dos, mais mon visage, personne ne peut le voir. »
Commentaire d'Exode 33,20 : « Entre la sainteté de Dieu et l'indignité de l'homme, il y a un tel abîme, que l'homme devrait mourir s'il voyait Dieu face à face, cf. Exode 19,21 ; Deutéronome 5,24-26 ; également Deutéronome 18,16). Voilà pourquoi Moïse, Exode 3,6 ; Elie, 1 Rois 19,13 ; et même les Séraphins, Isaïe 6,2, couvrent leur visage devant Yahvé. Celui qui reste en vie après avoir vu Dieu est pris dun étonnement reconnaissant, Genèse 32,31 ; Deutéronome 5,24, ou de crainte religieuse, Juges 6,22-23 ; Isaïe 6,5. Dieu n'accorde que rarement pareil preuve de bienveillance, comme en particulier à Moïse, son « ami », Exode 33,11 ; Nombres 12,7-8, Deutéronome 34,10 et à Elie, 1 Rois 19,11 ss. – tous deux seront les témoins de la transfiguration du Christ, de la théophanie de la Nouvelle Alliance, Matthieu 17,3 (et parallèles), et qui sont considérés dans la tradition chrétienne comme les représentant par excellence de la vision mystique de Dieu (avec Paul, 2 Corinthiens 12,1 s). Dans le Nouveau Testament, la « gloire » de Dieu se révèle en Jésus, cf. Exode 24,16 et Jean 1,14 ; 11,40, mais, le Père, personne ne l'a vu, si ce n'est seulement Jésus, le Fils, Jean 1,18 ; 6,46 ; 1Jean 4,12. Pour les hommes, il n'y aura une vision face à face que dans la béatitude céleste, Matthieu 5,8 ; 1 Jean 3,2 ; 1 Corinthiens 13,12 ; cf. 2 Corinthiens 4,4.6 (en abrégé de : Neue Jerusalemer Bibel (Freiburg: Herder, 1980), p. 122.)
Par rapport à la question en rapport à Genèse 11,5, nous faisons deux remarques :
(1) Il faut examiner à part les onze premiers chapitres du livre de la Genèse. Ils décrivent de façon populaire l'origine de l'espèce humaine. Ils expriment, dans un style concis et imagé, comme cela correspond bien à la condition spirituelle d'un peuple culturellement peu évolué, les vérités fondamentales qui sont présupposées par la réalité du salut : la création par Dieu au commencement des temps, l'action particulière de Dieu dans la création de l'homme et de la femme, l'unité du genre humain, le péché des premiers parents, et, en conséquence, la chute et la punition héritée de génération en génération. Il s'agit là de vérités qui sont significatives pour la doctrine de la foi et qui sont assurées de l'autorité de l'Ecriture Sainte. En tant que vérités de foi assurées, elles comprennent (non pas littéralement, mais selon leur signification), des faits réels, même si nous ne pouvons pas préciser d'avantage les circonstances et les manières de penser de cette époque sous leur présentation mythique. » (Neue Jerusalemer Bibel, p. 8.)
(2) Les anthropomorphismes audacieux des discours de Dieu dans l'Ancien Testament, ainsi les versets cités ici (Genèse 11,5), qui n'en montrent qu'un seul, irritent souvent le lecteur moderne ou même le choquent. On peut cependant les déchiffrer et les interpréter comme des indications des relations vivantes de Yahvé avec l'humanité. Dans ces anthropomorphismes, on voit, à travers la vivacité de Dieu, ce que nous appelons aujourd'hui la personnalité. Cette forme apparemment humanisée du témoignage de foi est à l'abri de vulgaires méprises par la confession simultanée de la transcendance de Yahvé, au-delà de l'espace et du temps.
Par ailleurs, son cœur et sa consistance sont mis à labri par la manière dont les hébreux (qui navaient pas réfléchi en profondeur en termes de « esprit » et de « personnalité ») ne décrivent jamais Yahvé en tant que « Il », « Je » ou « Soi». A. Deissler fait le commentaire suivant : « Ainsi sont exprimées des données personnelles originales, comme la connaissance et la sagesse, la volonté et la liberté, et cela, non seulement dans lobjet, mais aussi dans la réalité même de Celui qui parle, en qui lAncien Testament comprend en fin de compte toute « laction de Dieu ad extra » et annonce ainsi quelque chose de la Parole de Yahvé, créatrice de lunivers, agissant puissamment dans lhistoire et révélatrice de Dieu. » (Die Grundbotschaft des Alten Testaments, in B. Dreher u.a. (hg.), Handbuch der Verkündigung 1, Freiburg 1970, p. 162.) Voir: Theodor Schneider, Was wir glauben. Düsseldorf: Patmos, 1988, p. 97.